Le cosplay, c’est quoi ?

Aujourd’hui, dans la catégorie japanim, je vais vous parler d’un mot qu’on n’a pas mal entendu à certaines périodes, mais de moins en moins employé, malheureusement. Il s’est longtemps répandu en parallèle du phénomène de la japanimation et du goût de l’asiatisme, qui a déjà touché la France de manière assez étendue.

  • Petit rappel

La France est le deuxième pays consommateur de mangas au monde, entre le Japon et les Etats-Unis. Et tout ce phénomène de goût pour ce qu’il convient d’appeler « japanimation » (mangas et animés d’origine japonaise, mais aussi, d’une manière plus large, toutes les activités qui s’y rapportent) découle d’un attrait de la population française pour le genre. Le premier public cible des animes (prononcer animé) et mangas en France ? La génération du Club Dorothée (années 90). C’est en constatant qu’il existait un public de jeunes attirés par les dessins animés comme Dragon Ball, Goldorak, Albator que le marché du manga a pu naître chez nous.

Voyez-vous, chers lecteurs, le truc, c’est qu’au Japon, le milieu du manga est extrêmement hétéroclite. On y trouve ces BD papier en noir et blanc, format poche, ainsi que les adaptations en dessins animés qui s’en sont inspirés ou qui les ont produit, mais cet ensemble est également lié au milieu des jeux vidéos au sens le plus large (soit jeux de console, en ligne,…) ainsi qu’à une tradition de plus longue date qu’on ne pourrait l’imaginer à première vue : celle du cosplay.

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  • Le sens du mot

Que nous donnent les dictionnaires en ligne sur la définition de ce terme ?

Que rajouter dans cette définition déjà bien complète…

J’ajouterais un autre mot : le cosplayer est celui qui porte le cosplay.

  • Le cosplayer et son environnement

Longtemps, le milieu des conventions (= rassemblement de passionnés de la japanimation et de cosplayers) en France a été le monopole d’une communauté restreinte de passionnés en cosplay qui se connaissaient tous. Si vous étiez un petit nouveau, vous ne mettiez pas non plus longtemps à vous intégrer à ce milieu, car chaque cosplayer est l’égal d’un autre cosplayer, et on ne juge pas les gens sur leur personnalité, mais sur les personnages qu’ils chosissent de représenter dans leurs costumes.

Aujourd’hui, l’expansion du phénomène a remplacé la convention par des salons de curiosités qui attirent un public de plus en plus large, de plus en plus hétéroclite et qui compte de moins en moins de cosplayers. La masse de population ignorante des codes de ses passions, de moins en moins intéressée et le fait que les salons ont peu à peu reclus les cosplayers dans des espaces de plus en plus petits avec de moins en moins d’équipement et de pub chassent aujourd’hui les cosplayers de leur milieu naturel… (et je ne parlerai pas du désastre de Paris Manga dans cet article, même si la critique me démange).

Je vais quand même nuancer. Je ne fais pas partie de ces puristes qui seraient d’avis de faire passer un examen d’entrée au public des conventions afin de s’assurer qu’ils font bien partie de la communauté. C’est très bon pour l’industrie du livre, du manga, du jeu vidéo et les jeunes créateurs d’avoir un public très large, et de ne pas forcément s’adresser toujours aux mêmes mordus. Je me contente simplement de regretter que certaines soi-disant « conventions » se transforment en marché aux puces à la chinoise au lieu de promouvoir une culture………. et je vais m’arrêter là pour la critique virulente. Par contre, à mon sens, la Japan Expo joue très bien le rôle de salon de curiosité qui promeut une culture. Alors soit « la Japan Expo c’est commercial » (et le prix d’entrée tient du vol, vraiment), mais enfin, évidemment que c’est commercial, c’est le plus grand salon d’Europe ! Et puis je trouve ça génial que des gens (passionnés ou curieux) se déplacent des quatre coins du monde pour rencontrer des auteurs, participer aux concours de cosplay, aux conférences et aux activités.

[ EDIT : cette année, pour l’édition 2014, l’entrée de la Japan Expo était de 25 euros le samedi. 25 euros, sans aucune possibilité pour les professionnels du livre et/ou de la culture d’obtenir un tarif réduit ou une accréditation. Ca m’a fait changer d’avis sur l’intégrité de la Japan Expo et sa vocation culturelle. Même si ça reste un évènement incontournable, ces dernières années, les tarifs d’entrée prennent au moins 5 euros par an et je n’ose même plus demander aux exposants le budget qu’ils doivent débloquer. Plus ça va, plus la Japan Expo se remplit les poches sur le dos des gens qui ont les moyens de s’offrir ce luxe (un budget exposant, c’est déjà un luxe en soi, mais alors un budget exposant Japan Expo, c’est juste exorbitant) en laissant de côté son rôle de promotion d’une culture. C’est comme ça que les organisateurs se sont retrouvés à battre le rappel des jeunes créateurs deux semaines avant l’ouverture à grands coups de tarif réduit : trop peu d’entre eux avait les moyens de se payer un stand, ergo : pas assez de créateurs pour l’espace qu’on avait prévu d’y consacrer.

C’est scandaleux qu’un salon aussi plébiscité se fasse ambassadeur d’une telle hypocrisie. Je sais bien que ce n’est pas nouveau, la Japan a toujours été un évènement cher et controversé, mais je crois que cette année, ça m’a particulièrement mise en colère. Comment est-ce qu’on peut prétendre à un prestige culturel quand on ne favorise même pas l’accès aux professionnels (ambassadeurs de la culture auprès des publics, donc potentiellement prescripteurs de l’évènement auprès de leurs lecteurs / élèves) ni aux jeunes créateurs alors qu’ils sont les premiers fondateurs des conventions ?? Et je ne parle même pas des petits éditeurs indépendants. ]

Les conventions de passionnés n’ont pas disparu, mais elles changent. Si vous traversez le parc de Bercy pendant Harajuku, vous aurez sans doute l’occasion de croiser des cosplayeurs qui posent au milieu du parc. Et puis, les communautés de cosplayers sont très actives sur Internet !

Il est tout de même vrai que certains salons ont de plus en plus de problèmes à organiser des activités face à un public qui est de moins en moins dans l’esprit de camaraderie de la convention… Et puis, on ne peut pas empêcher les fouteurs de merde de foutre la merde. C’est vraiment malheureux qu’une association qui fasse de l’excellent boulot d’organisation comme l’Epitanime se prenne des sanctions parce que les cosplayeurs oublient qu’il ne faut pas laisser ses affaires sans surveillance ou que le staff n’équivaut pas à une équipe de larbins à votre service…Chacun trouve sa solution : pas de pub, entrée réservée à une liste de personnes pré-inscrites, multiplication de la sécurité… Mais malheureusement ce n’est pas parce qu’on est membre de la communauté qu’on est irréprochable, et choisir son public au jugé serait tout simplement injuste et discriminatoire… Donc on fait comme  on peut pour tenter de limiter les dégâts.

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  • Le cosplayer est-il obligatoirement un geek ou une strip-teaseuse à moitié à poil ?

La réponse est NON.

Il est vrai que l’activité suppose un engouement pour une culture du jeu vidéo et du manga. Il est également (presque) vrai que le jury est sensible au « moins y’a de tissu, plus la note est haute ! »… Non ok, j’exagère. Le public, en tout cas, y est très sensible. Ne soyons pas hypocrite : une tenue sexy aura beaucoup plus de succès dans la convention qu’une tenue très habillée aussi impressionnante soit-elle.

Le cosplay est d’abord et avant tout une activité qui suppose la création. C’est une personne qui prend ses petites mains pour se glisser dans la peau d’un personnage. Tout les moyens sont autorisés ! Si certains cosplays sont démentiels, hypnotiques et majestueux, d’autres seront humbles. N’est pas cosplayer celui qui gagne le concours, mais celui prend l’identité d’un personnage de son choix (la tendance est forte aujourd’hui à devenir un personnage inventé).

Chaque cosplayer a sa façon de faire son costume, ses trucs pour les accessoires compliqués, sa façon de jouer, ses poses, … Ainsi, il peut exister des milliers de cosplays différents d’un même personnage, voire d’une même tenue : Misa Misa (Death Note), L (Death Note), Miku Hatsune (Vocaloid), Ciel (Kuroshitsuji)… Plus le personnage et le manga sont populaires, plus les cosplays seront nombreux. Et comme chaque cosplay est une création personnelle, tous les costumes sont différents.

Je crois que j’ai fait à peu près une bonne définition de la chose, même si je ne nie pas la subjectivité de mon point de vue. Des questions ?

PS : je n’ai pas osé mettre trop d’images pour des questions de droits… Mais voici une série de profils intéressants à consulter si vous voulez voir de magnifiques cosplays :