Ca faisait longtemps que je n’avais pas lu de thriller pour ado…
Le programme : cible n°1 / Allen Zadoff. – Albin Michel, 2014 (Wiz).
Le programme est une série de thrillers/romans d’espionnage pour adolescents parue chez Albin Michel (collection Wiz) en 2014. Elle est signée Allen Zadoff, compte déjà deux tomes et tient ses promesses… Sans trop les dépasser non plus.
Le Programme est une sorte d’organisation souterraine située aux Etats-Unis. Au nom du patriotisme et de la protection du pays, l’organisme emploie des jeunes pour éliminer les personnes qui menacent le territoire américain. Le héros fait partie de ces adolescents endoctrinés au nom du patriotisme et entraînés pour tuer. Du jour au lendemain, à la suite d’une mission délicate, le Programme lui lance un défi monstrueux : mettre hors d’état de nuire le maire de New York… en cinq jours. Pour ce faire, il doit se rapprocher de la fille du politicien.
Premier conseil : ne lisez SURTOUT PAS la quatrième de couverture. D’une part, elle donne de fausses informations. D’autre part, elle en dévoile beaucoup trop sur l’intrigue. Pas de bon point pour Wiz là-dessus, malgré le design attirant des couvertures…
Allen Zadoff n’écrit pas mal. Il n’a pas de style particulier, mais son propos est clair, tient la route de bout en bout. Le roman en lui-même est plutôt bien construit : progression classique du personnage de thriller qui passe d’un état de départ à une rupture brusque de sa routine qui soulève en lui des questions nouvelles, qui remonte des indices le long d’une piste qui ne sera pas forcément vraie à la fin… Les actions s’enchaînent bien, la première personne du singulier est maîtrisée. On ne s’ennuie pas, on est même assez vite pris dans le flot de l’enquête (c’est le genre de roman qui se lit bien d’une traite) et on est intrigué par ce personnage principal très ambivalent et charismatique qui essaye désespérément d’empêcher son humanité de resurgir et d’entraver sa mission. Une fois arrivée à la fin, je me suis même précipitée sur la suite !
C’est donc un roman à suspense qui fonctionne bien. Pourtant, même si on passe sous silence le cafouillage du résumé de Wiz, avec un petit temps de recul, je me sens aussi un peu frustrée par ma lecture. Le roman fait passer un bon moment, mais on est loin des questionnements identitaires d’Alex Rider, des machinations de Cherub. Pour ce premier tome, même si on sent le potentiel conspirationniste de l’intrigue, le fond de la problématique reste nébuleux, assez peu évoqué… ou bien de manière assez peu convaincante. Seul le « rival » du héros donne une idée de l’ampleur que peut prendre la suite…
Une collègue a également exprimé sa gêne face à ce personnage principal qu’elle a trouvé peu crédible. Pour ma part, je n’ai pas eu tout à fait le même ressenti, mais j’ai effectivement eu l’impression qu’il n’était pas très fouillé. Même si on l’aime bien, on n’est pas non plus particulièrement attaché à lui ; il est loin de nous saisir, de nous prendre par les sentiments comme savent le faire les personnages de Anthony Horowitz … Ca me coûte de le comparer à Cherub, que je ne n’ai pas tellement aimé, mais je dois reconnaître que le personnage de Robert Muchamore m’a laissé une impression plus franche.
A mon sens, la série a du potentiel, mais elle joue aussi beaucoup sur des facilités du genre. C’est une sorte de thriller à gros budget bien ficelé et bien net comme on les voit au cinéma, mais qui manque de style et d’envergure à ce stade… Un peu de caractère, de personnalité, s’il vous plait !
J’attends d’être arrivée au bout du tome 2 pour décider si je suis vraiment emballée ou définitivement déçue.
La suite au prochain épisode, donc !