La journée du 16 août s’annonçait particulièrement chargée, puisque nous nous rendions de l’autre côté du pont à Copenhague. Le programme était ambitieux, mais nous comptions bien tirer parti au maximum de cette unique journée en terre danoise. Enfin, comme d’habitude, j’avais fait ma petite cuisine avec le programme, et j’avais prévu de rester de ce côté de la frontière jusqu’au lendemain pour passer un peu de temps avec un ami qui travaille à Copenhague et que je n’avais pas vu depuis un bon bout de temps.
Nous avons donc pris le train qui a tenu ses promesses en termes de timing (Mme RATP pourrait sans doute en prendre de la graine….. Bien que le nombre de voyageurs ne soit absolument pas comparable !). Notre première étape de la journée : le Musée National, dont nous ne pourrions voir qu’une partie puisque nous avions en tout et pour tout trois heures à lui consacrer. A noter que la visite du Musée Nationale est intégralement gratuite. On ne nous a demandé aucun justificatif de quelque sorte que ce soit, aussi dois-je supposer que c’est un gratuit absolument général et non un tarif différentiel. Pas de file d’attente à l’entrée. Les sacs à main et sac à dos ne sont pas acceptés dans l’enceinte du musée, mais chaque visiteur a accès à des casiers pour ses affaires. Gratuits, encore une fois, et surveillés du coin de l’oeil par les agents de sécurité qui sont postés à l’entrée. En revanche, on a le droit de prendre autant de photos et de films qu’on souhaite.
Pardon, mais j’insiste encore : gratuité. Commodité, accessibilité. Je ne peux qu’imaginer que ça a d’autres inconvénients (après tout, ce n’est valable que pour le musée national, pour ce que j’en sais), mais c’est un confort de visite indéniable pour tous les visiteurs…
Le musée national est divisé en galeries chronologiques. Dans la galerie consacrée à la préhistoire et à l’histoire ancienne du Danemark, il y avait une exposition temporaire consacrée aux Vikings. Je vous laisse deviner par où nous avons commencé.
Enfin, nous avons commencé par là, mais pour ma part je n’ai pas fait que commencer puisque j’ai passé mes trois heures de visite à explorer à fond cette partie du musée. Tant pis pour le Moyen-Age et l’époque moderne. J’ai découvert la préhistoire et l’histoire ancienne nordique, discipline que je n’ai jamais eu l’occasion d’étudier (alors que j’ai fait un peu d’histoire médiévale et d’histoire moderne, j’ai donc quelques notions même vagues sur ces périodes). Et puis franchement. Les vikings.
Bref, j’ai appris tellement de choses que je n’en ai pas retenu la moitié. C’était passionnant, et pourtant je ne suis pas très fan des grandes vitrines remplies d’objets, mais le propos général était tellement intéressant que j’ai fini par m’intéresser au contenu des vitrines de très près. J’ai notamment appris des choses sur les relations du Nord de l’Europe avec l’empire Romain… Je n’aurais jamais pensé que l’influence de la civilisation gréco-romaine ait pu avoir autant d’impact aussi loin de son berceau. C’est peut être quelque chose qu’on apprend en archéologie et en préhistoire, voire en études latines avancées, mais ça ne m’avait jamais effleuré l’esprit jusque là.
Inutile de préciser à quel point la mythologie nordique et viking est riche, même à ce stade de l’histoire. J’ai pu apprendre par cette occasion que le panthéon des dieux nordiques tel que nous le connaissons aujourd’hui serait en réalité une transposition du panthéon gréco-romain dans les croyances locales. Ouah. Bien sûr, le modèle du panthéon nordique tel qu’il est représenté aujourd’hui dans nos médias (fictions, films, etc) a un côté artificiel puisqu’il fait l’objet d’une uniformisation des mythologies au même titre que les panthéons gréco-romain, égyptien, celte… Mais que le mélange ait eu lieu si tôt dans l’histoire ? Ca ne m’était même pas venu à l’idée
Bref. Je n’ai pas assez de place ici (ni vous de patience) pour détailler tout ce que j’ai appris dans ces galeries de musée. J’en garde un excellent souvenir.
Puis il a fallu se mettre en quête d’un restaurant qui ne soit pas plein. Je vous assure que c’est vraiment compliqué, déjà parce que les bonnes adresses pas trop chères sont prises d’assaut en période estivale, et ensuite parce que nous étions sept et que nous étions incapables de nous mettre d’accord sur ce que nous allions manger. Un cauchemar. Nous avons fini par opter par une adresse un peu gastronomique, pour changer des sandwichs. C’était plus cher, mais c’était excellent.
Nous avons poursuivi l’après-midi en flânant dans ce quartier, très animé, très touristique mais qui fait un peu figure de centre-ville, entre les deux canaux de la ville. Nous étions en quête de A.C. Perch’s Thehandel, une boutique de thé de renommée historique et, d’après ce que j’ai compris, fournisseur royal. La boutique est minuscule et il y a du monde, aussi si vous êtes un(e) amoureu(x/se) du thé comme nous, je vous conseille de préparer à l’avance (avant de faire la queue) votre commande histoire de ne pas faire perdre de temps aux vendeurs débordés. Pour le thé à emporter, il y a un salon à l’étage qui vous préparera votre boisson, et où vous pouvez également prendre un thé sur place (la clientèle y est franchement huppée), acheter des coffrets d’échantillons, des théières, des services à thés…
Puis nous nous sommes mis en marche vers la fameuse statue de la Petite Sirène.
Ainsi que mon ami Google vous le montre ci-dessus, ça fait un bon bout de chemin, surtout si vous y ajoutez les arrêts dans les boutiques, les pauses-pipi, les désaccords sur l’itinéraire à suivre… Elle est vraiment à la limite de la ville. Et à notre grande déception, elle était assaillie de touristes comme nous qui venaient admirer la trace qu’Andersen avait laissé au paysage urbain.
J’adore cette statue, et pas seulement parce que je suis une mordue de contes… J’y avais déjà été une fois, en 2006 je crois bien, j’avais vraiment envie de retourner la voir histoire de comparer mon souvenir à ce que j’en voyais aujourd’hui. J’aime aussi que ce soit un aussi long chemin pour y aller, car même s’il faut se farcir la demi-heure de marche, quoi de mieux qu’une balade urbaine pour découvrir la ville ? Bref, que voulez-vous, je suis une serial baladeuse très attachée à la symbolique des villes que je visite. A mon sens, marcher une demi-heure dans une ville qu’on ne connaît pas, ça vaut toujours le coup (ça nous a rapporté quelques très belles photos d’ailleurs, en plus des courbatures !).
Et c’est là que nos chemins se sont séparés jusqu’au lendemain. J’avais rendez-vous à Norreport avec mon ami, et les autres repartaient pour Kopenhagen H., la gare d’où ils repartaient jusqu’à Malmö.
De Norreport, nous avons fait un détour par chez lui pour poser mes affaires, et c’est là qu’il m’a dit « Bon ! on va chercher ton vélo ? » (oui parce que je n’ai pas précisé, mais à Copenhague, c’est comme à Stockholm : il y a plus de cyclistes que d’automobilistes dans les rues, c’est vraiment LE moyen de transport du citadin moyen).
Pour ceux qui me connaissent, je vous laisse imaginer ma tête. J’avais marché toute la journée, je n’étais pas montée sur un vélo depuis bien cinq ans, au moins… et comme vous le savez, le sport et moi, ça fait cinquante-cinq. Mais franchement, ça aurait vraiment été dommage de refuser une expérience d’immersion pareille, non ? Même si le vélo était bien trop grand pour moi et qu’à cause du rétro-pédalage, j’avais l’angoisse de devoir m’arrêter au feu rouge à chaque carrefour…
Ca m’a vraiment donné envie. Moi qui me tape deux changements de RER-bus-bus pour aller au travail tous les jours, sans jamais rien voir de la ville que je traverse que les gens qui affluent autour de moi dans les transport (alors que, vous l’aurez compris, j’adore m’imprégner du paysage d’une ville même si elle n’est pas jolie dans le sens le plus strict), je me suis rendue compte à quel point on est libre à vélo. Petite minute nostalgie (préparez vos mouchoirs…) : ma grand-mère, de son vivant, faisait au moins une heure de vélo par jour. C’était son bol d’air et son instant de liberté. Et c’est en me cassant ce qui restait de mes mollets sur les pédales de mon vélo trop grand que j’ai compris pourquoi c’était devenu si important pour elle.
Fin de la minute guimauve, on peut ranger les violons. Le plan d’origine était de se rendre à une soirée avec des amis à lui, également des expat’. D’après mon ami, Copenhague en été, c’est un immense foisonnement de festivals et d’animations de rue. Sauf qu’à partir du 15 août, dans les pays du Nord, la température redescend de façon significative… Il commençait à pleuvoir quand nous sommes arrivés sur place, et ce que nous entendions de la musique ne faisait pas plus envie que ça. Le plan a changé et nous sommes remontés sur nos vélos jusqu’au Mc Kluud, un bar situé dans le quartier de Vesterbro. Il a un côté un peu américain, un peu grunge, avec du rock en musique de fond, qui en fait le décor parfait pour prendre une bière (je m’attendais presque à voir débarquer un ou deux motards…).
Rentrer à une heure du mat’ après avoir un peu bu (oui bon ok, j’avoue, j’ai bu UNE bière, mais si vous me connaissez un peu, vous savez que pour moi ça peut avoir un certain effet sur ma perception de mon environnement selon la quantité de nourriture que j’ai avalée dans l’heure qui a précédé… et j’étais à jeun, donc autant dire que j’étais un peu dans les nuages), sur un vélo trop grand, c’était … une expérience. C’était assez cool.
Et une fois qu’on est arrivés à l’appartement, j’ai béni la loi française d’avoir interdit la cigarette dans les lieux publics. Hors de question de ne pas passer par la case « shampooing » après avoir passé plusieurs heures dans un bar complètement enfumé…
Deuxième surprise de la soirée. Vous voyez, dans la plupart des appartements/maisons en France, vous avez une pièce toilettes plus ou moins exigue, et une pièce salle de bains. Bon. Pour gagner de la place dans certains studios, vous avez la douche et les toilettes dans la même pièce, ce qui vous donne une salle d’eau assez carrée. Et bien au Danemark, dans les appartements, pour gagner de la place, vous n’avez pas de salle de bain.Vous avez des toilettes carrelées avec une évacuation d’eau, un petit lavabo et une pomme de douche juste à côté. Je serais incapable de vous donner un ordre de grandeur de la surface. Disons que pour me rincer les cheveux sans mettre de l’eau sur ma serviette accrochée à la porte, j’étais quasiment obligée de m’asseoir sur les toilettes !
Je vous jure qu’après, vous ne vous plaindrez plus de la taille de votre salle de bains, aussi petite qu’elle soit…