Quelqu’un qu’on aime de Séverine Vidal

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Quelqu’un qu’on aime / Séverine Vidal. – Ed. Sarbacane (Collection Exprim’), 2015

Avec son roman Quelqu’un qu’on aime, paru en août 2015 chez Sarbacane dans l’excellente collection Exprim‘, Séverine Vidal signe un road-trip touchant et un peu fou. A savourer d’urgence !

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La vie suédoise partie 8 : la vie danoise ?

icône voyagesLa journée du 16 août s’annonçait particulièrement chargée, puisque nous nous rendions de l’autre côté du pont à Copenhague. Le programme était ambitieux, mais nous comptions bien tirer parti au maximum de cette unique journée en terre danoise. Enfin, comme d’habitude, j’avais fait ma petite cuisine avec le programme, et j’avais prévu de rester de ce côté de la frontière jusqu’au lendemain pour passer un peu de temps avec un ami qui travaille à Copenhague et que je n’avais pas vu depuis un bon bout de temps.

Nous avons donc pris le train qui a tenu ses promesses en termes de timing (Mme RATP pourrait sans doute en prendre de la graine….. Bien que le nombre de voyageurs ne soit absolument pas comparable !). Notre première étape de la journée : le Musée National, dont nous ne pourrions voir qu’une partie puisque nous avions en tout et pour tout trois heures à lui consacrer. A noter que la visite du Musée Nationale est intégralement gratuite. On ne nous a demandé aucun justificatif de quelque sorte que ce soit, aussi dois-je supposer que c’est un gratuit absolument général et non un tarif différentiel. Pas de file d’attente à l’entrée. Les sacs à main et sac à dos ne sont pas acceptés dans l’enceinte du musée, mais chaque visiteur a accès à des casiers pour ses affaires. Gratuits, encore une fois, et surveillés du coin de l’oeil par les agents de sécurité qui sont postés à l’entrée. En revanche, on a le droit de prendre autant de photos et de films qu’on souhaite.

Pardon, mais j’insiste encore : gratuité. Commodité, accessibilité. Je ne peux qu’imaginer que ça a d’autres inconvénients (après tout, ce n’est valable que pour le musée national, pour ce que j’en sais), mais c’est un confort de visite indéniable pour tous les visiteurs…

Le musée national est divisé en galeries chronologiques. Dans la galerie consacrée à la préhistoire et à l’histoire ancienne du Danemark, il y avait une exposition temporaire consacrée aux Vikings. Je vous laisse deviner par où nous avons commencé.

Enfin, nous avons commencé par là, mais pour ma part je n’ai pas fait que commencer puisque j’ai passé mes trois heures de visite à explorer à fond cette partie du musée. Tant pis pour le Moyen-Age et l’époque moderne. J’ai découvert la préhistoire et l’histoire ancienne nordique, discipline que je n’ai jamais eu l’occasion d’étudier (alors que j’ai fait un peu d’histoire médiévale et d’histoire moderne, j’ai donc quelques notions même vagues sur ces périodes). Et puis franchement. Les vikings.

Bref, j’ai appris tellement de choses que je n’en ai pas retenu la moitié. C’était passionnant, et pourtant je ne suis pas très fan des grandes vitrines remplies d’objets, mais le propos général était tellement intéressant que j’ai fini par m’intéresser au contenu des vitrines de très près. J’ai notamment appris des choses sur les relations du Nord de l’Europe avec l’empire Romain… Je n’aurais jamais pensé que l’influence de la civilisation gréco-romaine ait pu avoir autant d’impact aussi loin de son berceau. C’est peut être quelque chose qu’on apprend en archéologie et en préhistoire, voire en études latines avancées, mais ça ne m’avait jamais effleuré l’esprit jusque là.

Inutile de préciser à quel point la mythologie nordique et viking est riche, même à ce stade de l’histoire. J’ai pu apprendre par cette occasion que le panthéon des dieux nordiques tel que nous le connaissons aujourd’hui serait en réalité une transposition du panthéon gréco-romain dans les croyances locales. Ouah. Bien sûr, le modèle du panthéon nordique tel qu’il est représenté aujourd’hui dans nos médias (fictions, films, etc) a un côté artificiel puisqu’il fait l’objet d’une uniformisation des mythologies au même titre que les panthéons gréco-romain, égyptien, celte… Mais que le mélange ait eu lieu si tôt dans l’histoire ? Ca ne m’était même pas venu à l’idée

Bref. Je n’ai pas assez de place ici (ni vous de patience) pour détailler tout ce que j’ai appris dans ces galeries de musée. J’en garde un excellent souvenir.

Puis il a fallu se mettre en quête d’un restaurant qui ne soit pas plein. Je vous assure que c’est vraiment compliqué, déjà parce que les bonnes adresses pas trop chères sont prises d’assaut en période estivale, et ensuite parce que nous étions sept et que nous étions incapables de nous mettre d’accord sur ce que nous allions manger. Un cauchemar. Nous avons fini par opter par une adresse un peu gastronomique, pour changer des sandwichs. C’était plus cher, mais c’était excellent.

Nous avons poursuivi l’après-midi en flânant dans ce quartier, très animé, très touristique mais qui fait un peu figure de centre-ville, entre les deux canaux de la ville. Nous étions en quête de A.C. Perch’s Thehandel, une boutique de thé de renommée historique et, d’après ce que j’ai compris, fournisseur royal. La boutique est minuscule et il y a du monde, aussi si vous êtes un(e) amoureu(x/se) du thé comme nous, je vous conseille de préparer à l’avance (avant de faire la queue) votre commande histoire de ne pas faire perdre de temps aux vendeurs débordés. Pour le thé à emporter, il y a un salon à l’étage qui vous préparera votre boisson, et où vous pouvez également prendre un thé sur place (la clientèle y est franchement huppée), acheter des coffrets d’échantillons, des théières, des services à thés…

Puis nous nous sommes mis en marche vers la fameuse statue de la Petite Sirène.

Ainsi que mon ami Google vous le montre ci-dessus, ça fait un bon bout de chemin, surtout si vous y ajoutez les arrêts dans les boutiques, les pauses-pipi, les désaccords sur l’itinéraire à suivre… Elle est vraiment à la limite de la ville. Et à notre grande déception, elle était assaillie de touristes comme nous qui venaient admirer la trace qu’Andersen avait laissé au paysage urbain.

J’adore cette statue, et pas seulement parce que je suis une mordue de contes… J’y avais déjà été une fois, en 2006 je crois bien, j’avais vraiment envie de retourner la voir histoire de comparer mon souvenir à ce que j’en voyais aujourd’hui. J’aime aussi que ce soit un aussi long chemin pour y aller, car même s’il faut se farcir la demi-heure de marche, quoi de mieux qu’une balade urbaine pour découvrir la ville ?  Bref, que voulez-vous, je suis une serial baladeuse très attachée à la symbolique des villes que je visite. A mon sens, marcher une demi-heure dans une ville qu’on ne connaît pas, ça vaut toujours le coup (ça nous a rapporté quelques très belles photos d’ailleurs, en plus des courbatures !).

Et c’est là que nos chemins se sont séparés jusqu’au lendemain. J’avais rendez-vous à Norreport avec mon ami, et les autres repartaient pour Kopenhagen H., la gare d’où ils repartaient jusqu’à Malmö.

De Norreport, nous avons fait un détour par chez lui pour poser mes affaires, et c’est là qu’il m’a dit « Bon ! on va chercher ton vélo ? » (oui parce que je n’ai pas précisé, mais à Copenhague, c’est comme à Stockholm : il y a plus de cyclistes que d’automobilistes dans les rues, c’est vraiment LE moyen de transport du citadin moyen).

Pour ceux qui me connaissent, je vous laisse imaginer ma tête. J’avais marché toute la journée, je n’étais pas montée sur un vélo depuis bien cinq ans, au moins… et comme vous le savez, le sport et moi, ça fait cinquante-cinq. Mais franchement, ça aurait vraiment été dommage de refuser une expérience d’immersion pareille, non ? Même si le vélo était bien trop grand pour moi et qu’à cause du rétro-pédalage, j’avais l’angoisse de devoir m’arrêter au feu rouge à chaque carrefour…

Ca m’a vraiment donné envie. Moi qui me tape deux changements de RER-bus-bus pour aller au travail tous les jours, sans jamais rien voir de la ville que je traverse que les gens qui affluent autour de moi dans les transport (alors que, vous l’aurez compris, j’adore m’imprégner du paysage d’une ville même si elle n’est pas jolie dans le sens le plus strict), je me suis rendue compte à quel point on est libre à vélo. Petite minute nostalgie (préparez vos mouchoirs…) : ma grand-mère, de son vivant, faisait au moins une heure de vélo par jour. C’était son bol d’air et son instant de liberté. Et c’est en me cassant ce qui restait de mes mollets sur les pédales de mon vélo trop grand que j’ai compris pourquoi c’était devenu si important pour elle.

Fin de la minute guimauve, on peut ranger les violons. Le plan d’origine était de se rendre à une soirée avec des amis à lui, également des expat’. D’après mon ami, Copenhague en été, c’est un immense foisonnement de festivals et d’animations de rue. Sauf qu’à partir du 15 août, dans les pays du Nord, la température redescend de façon significative… Il commençait à pleuvoir quand nous sommes arrivés sur place, et ce que nous entendions de la musique ne faisait pas plus envie que ça. Le plan a changé et nous sommes remontés sur nos vélos jusqu’au Mc Kluud, un bar situé dans le quartier de Vesterbro. Il a un côté un peu américain, un peu grunge, avec du rock en musique de fond, qui en fait le décor parfait pour prendre une bière (je m’attendais presque à voir débarquer un ou deux motards…).

Rentrer à une heure du mat’ après avoir un peu bu (oui bon ok, j’avoue, j’ai bu UNE bière, mais si vous me connaissez un peu, vous savez que pour moi ça peut avoir un certain effet sur ma perception de mon environnement selon la quantité de nourriture que j’ai avalée dans l’heure qui a précédé… et j’étais à jeun, donc autant dire que j’étais un peu dans les nuages), sur un vélo trop grand, c’était … une expérience. C’était assez cool.

Et une fois qu’on est arrivés à l’appartement, j’ai béni la loi française d’avoir interdit la cigarette dans les lieux publics. Hors de question de ne pas passer par la case « shampooing » après avoir passé plusieurs heures dans un bar complètement enfumé…

Deuxième surprise de la soirée. Vous voyez, dans la plupart des appartements/maisons en France, vous avez une pièce toilettes plus ou moins exigue, et une pièce salle de bains. Bon. Pour gagner de la place dans certains studios, vous avez la douche et les toilettes dans la même pièce, ce qui vous donne une salle d’eau assez carrée. Et bien au Danemark, dans les appartements, pour gagner de la place, vous n’avez pas de salle de bain.Vous  avez des toilettes carrelées avec une évacuation d’eau, un petit lavabo et une pomme de douche juste à côté. Je serais incapable de vous donner un ordre de grandeur de la surface. Disons que pour me rincer les cheveux sans mettre de l’eau sur ma serviette accrochée à la porte, j’étais quasiment obligée de m’asseoir sur les toilettes !

Je vous jure qu’après, vous ne vous plaindrez plus de la taille de votre salle de bains, aussi petite qu’elle soit…

La vie suédoise partie 7 : Malmö

icône voyagesLa journée suivant notre périple à Drottningholm a bien failli tourner au drame quand nous nous sommes aperçus que nos cartes de transport n’étaient plus valides (« 7 jours de transport d’heure à heure », mon oeil). Les recharger a pris un certain temps, plus que la marge que nous avions prévus… Heureusement, nous sommes arrivés à temps (stressés, énervés, dégoulinants de sueur, certes) pour prendre notre train comme prévu.

Le trajet nous a pris la majeure partie de la journée (5 heures comme je vous le disais) et il a fallu récupérer ensuite les voitures de location. Ah oui, là aussi, ça a failli tourner au drame. Nous avions demandé une voiture à sept places… Nous nous attendions à avoir plus ou moins un minivan, mais non. En fait, quand on inscrit « sept places » sur la demande, il faut savoir qu’on vous propose sept places assises… sans compter les bagages. Donc il a fallu changer de plan au dernier moment, et aucun véhicule à neuf places n’étant disponible, l’agence nous a proposé de louer deux voitures à la place d’une. Ainsi nous avions de la marge pour caser nos sacs … Et l’agence a eu la gentillesse de ne pas augmenter le prix de la location prévu initialement. Ouf.

Trouver le petit pâté de maisons en pleine campagne dans lequel nous devions loger (un lieu-dit du nom de Blentarp) a été une autre paire de manches. Mais nous avons fini par arriver, et là, personne n’a traîné. Certains avaient encore de l’énergie pour partir à la recherche d’un endroit où faire les courses, et les autres (j’avoue que je faisais partie de ceux-là) se sont employés à ranger un peu la maison (rustique mais confortable) et à faire la sieste.

Le soir, nous nous étions mis d’accord pour ne pas bouger le lendemain. Nous aurions ainsi le temps de partir en quête d’une laverie, d’un supermarché,… Et nous avons à nouveau fait deux équipes. Les premiers ont été faire un tour dans la petite ville la plus proche (Malmö était quand même à cinquante kilomètres, il était hors de questions d’aller jusque là pour faire nos courses). Et les autres ont fait une opération lessive à la main qui s’est soldée par un problème logistique non négligeable… Où étendre ce que nous avions lavé pour que ça sèche ? Nous avons tendu trois fils à linge entre les arbres dehors, mais le temps était à la grisaille et un peu humide, aussi, au bout de deux jours d’attente, nous avons essayé d’aménager des endroits à l’intérieur de la maison pour que le séchage soit plus efficace… A sept, je vous assure que ça a été plus compliqué qu’on ne pourrait le penser.

Ce n’est que le lendemain, le 15 août, que nous sommes à nouveau partis en expédition vers Malmö. L’objectif était de faire un peu le tour de la ville tout en se renseignant sur les tarifs pour se rendre à Copenhague le lendemain.

Je vais m’arrêter un peu sur la géographie de ce coin de la Suède.

Comme vous le voyez, entre la Scanie et le Danemark, il n’y a qu’un pas (un pont pour être exacte). Malmö – Copenhague, c’est 35 minutes avec des trains toutes les 10 à 20 minutes, au prix d’un trajet en RER à peu de choses près. Aller de l’un à l’autre est hyper-facile.

Voilà pour aujourd’hui. Mais imaginez à l’époque. Ce tout petit bras de mer entre les terres danoises et suédoises telles que vous les voyez sur la carte, c’était de la rigolade pour les deux puissances maritimes du Nord de l’Europe. Malmö était une plateforme commerciale, ainsi que quelques autres bastions le long de la côte. Je vous laisse imaginer les conflits que ça a généré entre les rois de Danemark et de Suède. Pendant plusieurs siècles, la partie la plus occidentale de la Scanie a été tantôt danoise, tantôt suédoise et le théâtre de batailles maritimes et terrestres (la ville de Malmö a subi de longs sièges des armées danoises, notamment lors de la guerre de Scanie au XVIIe siècle) tristement célèbres.

C’est une partie très importante de l’histoire du territoire que ces allées et venues des identités suédoises et danoises. Nous avons eu l’occasion de visiter plusieurs musées à ce sujet. Et à Malmö, donc, nous avons visité le château de la ville qui a eu un certain nombre d’emplois différents selon les époques (château, citadelle, cadre de l’exercice du pouvoir municipal, puis prison, hôpital…). Aujourd’hui, en regard de l’hétérogénéité de son patrimoine, le château est une sorte d’immense grenier qui regorge de trésors d’autres temps, un bric à brac de collections liées à ses différentes utilisations bien difficiles à coordonner. J’ai adoré la visite de ce musée, construit autour de la problématique de restituer l’histoire d’un lieu dans toute sa diversité, mais de façon cohérente. L’essentiel du musée tourne bien sûr autour de l’histoire médiévale et moderne de la ville, puisque c’est la période à laquelle elle a pris son essor économique et pendant laquelle elle a fait l’objet de campagnes militaires, de magouilles politiques, de crises identitaires… Mais pas seulement. Il y a aussi une partie à thématique horrifique, qui parle du temps où le bâtiment était une prison. Ce que j’ai préféré, c’est la petite galerie aménagée en alcôves dans laquelle étaient présentées ses autres utilisations. La dernière alcôve était vide et y était inscrite la question : « et vous, que voulez-vous faire de ce lieu ? ».

En plus de sa collection historique, le musée héberge des collections temporaires sur des sujets très variés : art contemporain, sciences naturelles, et quand nous y étions, nous avons pu visiter une exposition passionnante sur les jouets et leur rôle de représentations d’une société. Avec bien sûr, le propos sous-jacent que le jouet est un outil insoupçonné de conditionnement à certaines idées reçues, notamment concernant la place de la femme, mais aussi le reflet des attentes des parents et des adultes quant à l’avenir d’un enfant… Le tout sans accusations, l’exposition étant suffisamment bien faite pour mettre les faits en évidence et poser les bonnes questions sans imposer de réponse aux visiteurs.

Mais le musée n’est pas la seule attraction de la ville. Il y a de belles balades à y faire, de belles églises à admirer (c’était un peu notre thématique de voyage, forcément, avec deux étudiantes en histoire de l’art, un passionné d’histoire et un architecte). Nous n’avons pas eu tellement le temps d’explorer la vieille ville, ce qui est à mon sens vraiment dommage (j’ai vu des photos qui m’ont donné envie), mais en revanche, nous avons marché jusqu’à la fameuse tour Turning Torso (prouesse architecturale assez exceptionnelle), l’éco-quartier de la ville, puis le long de la côte pour revenir doucement vers le parking où nous avions laissé les voitures. Au passage, nous avons profité de la pluie, puis d’un bel arc-en-ciel une fois les nuages dissipés, ainsi que d’un très joli point de vue sur le Danemark, au large, et sur le pont qui relie les deux pays. Nous avons profité de ce moment pour faire une pause photos (et une pause tout court au passage).

Ensuite ce fut retour maison et soirée jeux, car nous en avions pris en prévisions. De fait, nous avons fait quelques parties d’Elixir, de Mascarade et de The Resistance mémorables…

La vie suédoise, partie 6 : On s’est crus à Versailles

 icône voyages[photos Sassimagine à venir]

Pour notre dernier jour à Stockholm, nous nous étions réservés une bonne journée pour faire l’aller-retour jusqu’au château de Drottningholm, une autre résidence de la famille royale. Je vous avoue que les châteaux, ce n’est pas toujours mon truc, et j’aurais pu me dégonfler… Si le dit bâtiment n’avait pas été classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ca ne se refuse pas, même si c’est un peu le bout du monde (m’enfin, quand on a déjà fait un trajet jusqu’à Uppsala, on est rodés). En plus, comme toute destination touristique qui se respecte, tout est relativement bien indiqué.

C’est vrai que la propriété ressemble un peu à Versailles. On voit bien dans l’architecture du bâtiment les influences françaises classiques. Il y a même une immense salle de réception bordée de miroirs qui évoque la Galerie des glaces, quoiqu’en bien plus petit. Le château en lui-même n’est pas immense, il a dimension humaine. C’est une résidence secondaire et une résidence pour invités de marque, c’est probablement la raison pour laquelle il paraît plutôt petit. La visite des ailes ouvertes au public est assez rapide, mais pour le coup, je vous recommande vivement soit d’acheter le guide-livret à l’entrée, soit de faire une visite guidée, car les salles ont beau être très riches en ornements, portraits, mobiliers luxueux, les explications qui y figurent sont assez expéditives et j’ai vraiment eu le sentiment que sans des explications plus détaillées, nous serions passés à côté d’une foule de petites anecdotes passionnantes. Enfin, tout le monde ne trouve pas ça passionnant, mais c’est croustillant de voir à quel point tous les rois dans l’histoire de l’Europe sont plus ou moins cousins… En fait, en plus d’être le lieu de prédilection des grandes figures féminines de la royauté suédoise, c’est aussi l’endroit où se sont accumulés les présents des cousins (=les rois et nobles) des quatre coins de l’Europe. Ca donne une bonne idée de la façon dont fonctionnait la diplomatie de l’époque.

Nous n’avons pas poussé la balade vers le Pavillon chinois et le théâtre (eux aussi classés à l’UNESCO), mais nous avons bien profité des jardins sous le soleil radieux de l’après-midi. Si les allées centrales sont définitivement d’influence française avec leurs haies taillées, leurs fontaines et leurs bancs parfaitement symétriques (le tout dans une perspective on ne peut plus classique), pas besoin d’aller loin pour profiter aussi des chemins un peu plus sauvages de la partie « anglaise » des jardins. Saules pleureurs, cours d’eau, autels perdus dans la verdure…

Encore une belle balade qui s’est terminée bien vite !

Deux petits points à savoir pour ne pas se laisser surprendre… D’une, évidemment, les photos sont interdites dans l’enceinte du palais. Les reproductions des livrets souvenirs ne rendent pas toujours justice aux décors du château (sauf si vous prenez un beau-livre à 60 euros), donc ouvrez grand les yeux. De deux, prévoyez un pique-nique. Nous avons fait l’erreur de ne pas en avoir. Si vous jouez les malins comme nous, vous vous retrouverez avec l’estomac dans les talons dans un café hyperchic, hypercher… ou dans une supérette, bien plus abordable, mais qui ne jouit pas du même décor.

Nous n’avons pas pu profiter de toute l’après-midi puisque nous partions très tôt le lendemain, et nous devions donc faire nos bagages, le ménage, préparer les piques-niques, ranger… Ce qui prend toujours plus de temps qu’on ne l’imagine. Et le lendemain, direction la gare centrale pour traverser le pays. On en a eu pour bien cinq heures le temps de rallier Malmö, où nous devions passer notre deuxième semaine. Le stress du départ en retard + 5h de train + le temps de récupérer les voitures de location + le temps de trouver le village paumé dans lequel se trouvait la maison = on n’a pas traîné à aller se coucher en arrivant…

Au fait. Si vous cherchez l’adresse d’un bon ostéopathe à Stockholm, on en a une (il est jeune, français, beau… Cher mais disponible en cas d’urgence…).

La vie suédoise partie 5 : la baie et l’éco-musée

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[photos du skansen à venir]

Nous n’avons passé qu’une semaine dans la capitale, et les deux derniers jours qui me restent à vous raconter ont été les plus chargés.

Le lendemain de notre petite virée à Uppsala, nous avons scindé notre groupe en deux équipes, l’une souhaitant se conformer à la pratique populaire touristique de faire un tour de la baie en bateau, l’autre préférant (vu le mauvais temps annoncé) se rabattre sur le Nordiska Museet (musée de la culture nordique).

Si la pluie a douché (pardon pour le mauvais jeu de mots) notre envie de prendre des photos sur le bateau-mouche, nous avons toutefois pu profiter d’un commentaire certes superficiel, mais appréciable puisqu’il a complété notre géographie de la ville. Nos visites nous ont en effet amenés à ne fréquenter que certains coins de la ville. Et puis avoir des chiffres, des données politiques sur la façon dont les gens vivent à Stockholm, c’est toujours intéressant. Le voyage en bateau change du piétinage des galeries de musée, c’est un peu reposant et en arrivant tôt, nous avons pu avoir de bonnes places (près des fenêtres). Toutefois, si je devais un jour retourner à Stockholm, je me précipiterai sur le Nordiska.

De même, je n’ai pas pu faire le Fotografiska (Musée de la Photographie de la ville). A faire une fois suivante, visiblement. Notre groupe s’est à nouveau scindé en deux durant l’après-midi, les plus craintifs de la météo se sont dirigés vers le Fotografiska et le reste d’entre nous a bravé les prédictions météorologiques pour aller visiter le fameux éco-musée en plein air de Stockholm, le Skansen. Bien nous en a pris, car par miracle, il n’a pas plu de l’après-midi !

Le Skansen, c’est un projet de préservation de la culture populaire nordique à base de reconstitutions et de reconstructions, le tout en grandeur nature. En fait, ils ont reconstruit dans cet immense parc des bâtiments de différentes régions de la Suède au moment de leur démolition (ils ne les ont pas juste refaits, ils ont déménagé les bâtiments d’origine dans Stockholm). On y trouve donc dans chaque bâtiment au moins une personne en costume d’époque, toujours disponible pour vous expliquer qui elle incarne, quel est le bâtiment dans lequel vous vous trouvez, quelle importance il avait dans la vie des locaux, à quoi il servait, pourquoi cette architecture, etc. Ils savent plein de choses et sont généralement prêts à répondre à toutes vos questions, même si elles dépassent le cadre de leur intervention dans ce bâtiment particulier (petite pensée pour le jeune révérend avec qui nous avons discuté politique pendant bien 20 minutes). Le parc est un condensé de lieux et d’époques plus ou moins éloignées et veut donner à voir les cultures populaires de la Suède, la vie des petites gens qui habitaient les campagnes du pays et qui ont fait son histoire humaine, par la reconstitution.

Vous trouverez au Skansen également des animaux dans des enclos, du lynx à l’élan en passant par les loups (des VRAIS GROS loups !) et les ours, et d’après ce que j’ai compris, il doit également y avoir des tentatives de représentation de la flore de certaines régions (il y a quelques serres dans le musée).

Si dès 17h, certaines attractions et certains bâtiments ferment leurs portes, le Skansen demeure très animé en soirée car il accueille des groupes de musique pour animer des bals populaires, il organise des concerts de jazz, … C’est un lieu de vie très prisé (lorsque nous sommes sortis, un big band était en train de donner un concert sur la scène en plein air, et les sièges de l’esplanade n’étaient pas assez nombreux pour accueillir le public dans sa totalité, si bien qu’une bonne partie des visiteurs écoutait le concert debout), et en été, toujours animé.

Prévoyez au moins une après-midi pour le visiter. Nous y sommes restés de 14h à 19h et nous n’avons pu voir que les deux tiers de ce que l’immense éco-musée avait à nous montrer. Bien sûr, les animaux ralentissent la visite (« OH REGARDE ! DES BEBES LYNX !! »), mais c’est assez grand, il y a plein de choses différentes à voir et à faire, de nombreux chemins de balade…

Inutile de vous préciser que ce fut l’une de mes visites préférées. C’est un musée de la culture nordique à dimension humaine, pédagogique et dans un cadre magnifique. Et quand le soleil est au rendez-vous, c’est le paradis pour se balader…

La vie suédoise, partie 4 : Journée médiévale puis virée à la campagne

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[Photos Sassimagine à venir]

Je ne vais pas m’étendre sur la journée du 9 août. En fait, nous étions partis avec l’idée de faire d’une traite le Tre Kronor (musée du palais médiéval, pour lequel nous avions déjà un billet grâce au billet unique vendu à l’entrée du palais, cf la partie 2) puis l’église allemande de Gamla Stan, réputée pour la richesse et la beauté de ses ornements. Sauf qu’encore une fois, nous avions complètement sous-estimé le temps qu’il nous faudrait pour visiter le Tre Kronor. La visite de cette cave aménagée en galerie médiévale ne paye pas de mine à l’entrée, mais pour toute personne qui s’intéresse un tant soit peu à l’histoire médiévale, les quelques pièces et plans exposés sont suffisamment passionnants pour y passer bien deux heures. D’ailleurs, petite anecdote marrante. En fait, le palais médiéval a été supplanté par le palais moderne à cause d’un incendie dévastateur qui a ravagé le bâtiment en 1697. Le responsable de l’équipe de sécurité incendie de l’époque et ses collègues ont payée leur négligence (ou pas ?) de leur vie en se faisant tabasser par les armées du roi au cours d’une épreuve punitive qui s’appelle « run the gauntlet ». A la suite de cette catastrophe, le palais a été intégralement (ou presque) reconstruit, et les fondations, les colonnes, les décorations dans les couloirs ont été refaites. En bois, toujours, forcément…

La suite de la journée a été singulièrement écourtée par la fatigue générale et le fait que l’un d’entre nous se sentait un peu patraque (je ne donnerai pas de nom.. Oui bon ok, j’avoue, c’était moi). Nous sommes rentrés tôt cuisiner, faire la sieste, se poser… Non sans être passés par la case « Oh, il me faut un souvenir pour untel, ça ce serait parfait ! ». Sachez qu’à sept, ça prend un temps considérable…

Le lendemain, le programme nous emmenait à Uppsala, une ville universitaire à environ une heure de train de la capitale. Si vous comptez vous y rendre (je vous le recommande, c’est un très joli coin), je vous conseille de prévoir le prix du billet. Forcément, Uppsala est située sur la même ligne que l’aéroport…

A Uppsala, il y a une cathédrale immense et magnifique, lieu de pèlerinage et d’histoire, qui compte parmi les plus grandes cathédrales de Suède. C’est un bâtiment qui se veut lieu de culte luthérien, mais qui a gardé de nombreuses traces de son ancienne foi catholique. Ainsi, la cathédrale est placée sous la protection de St Olaf, St Erik surtout, et de la Vierge.

Autre faits intéressants sur la religion en Suède. C’est un pays de confession protestante, foi qu’embrasse la famille royale… Mais au sein duquel l’Eglise est gérée comme un organisme distinct de l’Etat (depuis 2000). Leur rapport à la religion est étonnamment moderne et décomplexé. L’éducation scolaire est laïque, et attache une grande importance à l’éducation sexuelle (sujet obligatoire dans les classes depuis… 1956 !). Notez aussi qu’aujourd’hui, l’évêque d’Uppsala est une femme, élue par ses pairs… Une femme en union civile avec une autre femme, avec laquelle elle élève un petit garçon. Et les suédois (dixit un suédois hein, je n’invente pas) sont fiers de leur évêque. Et pour finir, le mariage religieux et civil (toujours deux instances distinctes, n’est-ce-pas) est possible en Suède pour les couples homosexuels depuis respectivement Octobre et Mai 2009.

Ca vous en bouche un coin, hein ? Et dire qu’en France, on n’arrive même pas à porter un projet comme les ABCD de l’égalité…

Enfin BREF.

A Uppsala, vous trouverez aussi un château et un campus universitaire que le Routard recommande, mais que nous avons délaissés pour le Jardin Botanique. Bon, c’est toujours sympa, mais je pense qu’au printemps ça aurait été encore plus chouette, parce qu’à 27 degrés au mois d’août, la période de floraison est terminée. Il n’en reste pas moins que c’est une agréable balade que celle des jardins, et vous pourrez même vous asseoir sur des bancs géants.

Nous avons conclu la journée par la visite des sites archéologiques de Gamla Uppsala. L’espace de démonstration dans lequel se tiennent les expositions était déjà fermé à l’heure où nous y sommes parvenus (je ne vous raconte pas l’expédition, parce que c’est pas tout à côté), mais les tumuli (IVe siècle, quand même) valent le coup d’oeil. C’est l’occasion de réfléchir sur le millier d’années d’histoire qu’on foule du pied… Et de faire des paris débiles, du genre « je te mets au défi de courir jusqu’en bas de cette énooooorme tombe (oui, les tumuli, ce sont des buttes mais aussi et surtout des tombes) le plus vite possible sans tomber ». C’est vraiment, à mon sens, un chouette endroit, qui vaudrait la peine d’être visité en une journée entière car il y a possibilité de se balader sur des sentiers de plusieurs kilomètres, soit à pied, soit à vélo.

Je vous épargne les péripéties du voyage de retour, où nous avons passé 15 minutes à attendre un train sur le quai parce qu’on est descendus pour rien. Et une fois arrivés à Gullmarsplan (enfin), les plus courageux d’entre nous ont délaissé le bus pour marcher jusqu’à l’appartement, encore une fois. Ces marches nocturnes, je crois que c’est ce qui me manque le plus maintenant que je suis rentrée. 

Et parce que je suis une bibliothécaire bien formée, voici les pages que vous pouvez consulter pour vérifier mes dires ou approfondir vos connaissances dans tout ce que j’ai expliqué là :

  • Article Wikipédia sur l’éducation sexuelle dans différents pays, dont la Suède
  • Article Wikipédia sur le palais royal de Stockholm qui traite en première partie l’architecture du Tre Kronor, puis de sa reconstruction
  • Au cas où vous voudriez des détails sur les châtiments réservés aux incompétents du palais, vous pouvez consulter la page Wikipédia intitulée « running the gauntlet »
  • Une dépêche AFP de 2009 sur la nomination de l’évêque d’Uppsala